De retour, la veille visuelle n. 3 parle de la sortie d’un film très important pour la représentation culturelle de l’esclavage en France. Ni chaînes, ni maîtres (Simon Moutaïrou) est sorti en salle le 18 septembre. Ensuite, deux épisodes la série documentaire “Quelle histoire! Enquête sur la toile” de la chaîne de télévision franco-allemande Arte sont mis en avant. La veille visuelle se termine par l’exposition “Résistant.e.s contre l’esclavage”, l’événement de la rentrée de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME).

Sorti du film Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou

Synopsis

“Isle de France (actuelle île Maurice). ​ Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. ​ Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.” (Source: Première)

Premier long-métrage du réalisateur Simon Moutaïrou, Ni chaînes, ni maîtres est un film sur l’esclavage centré sur la résistance des esclavagisés. Le récit du film se fonde sur le concept de marronnage, qui désigne la fuite des esclavagisés considérée aujourd’hui comme un acte de résistance contre le système esclavagiste, mis en en avant par le réalisateur: « Le marronnage, c’est une image de résistance qu’on ne voit pas dans les livres d’histoire »¹ . Il y a une volonté de rendre visible et reconnaître dans une large échelle cette partie de l’histoire coloniale française.

Quelle histoire! Enquête sur [la figure du Noir] dans la toile

La série documentaire Quelle histoire! de la chaîne ARTE propose une enquête iconographique et documentaire sur les identités par-derrière certaines peintures dont les représentés sont marginaux, issus de minorités ou effacés dans l’histoire dominante.

Deux épisodes se consacrent à la figure du Noir dans deux œuvres séparées par le temps et l’espace l’une du XVIIIe siècle en France et l’autre dans les années 1950 aux États-Unis². La mise en image de la recherche approfondie avec des liens entre les peintures et les textes ou tout autre document autour des tableaux met en évidence ce travail de détective dans la recherche des (in)visibilités politiques derrière ces toiles.

C’est une initiative essentielle qui fait découvrir le grand public les nouvelles perspectives de l’histoire de l’art français et, plus largement, européen.

L’exposition “Résistant.e.s contre l’esclavage” de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage et SNCF Gares et connexions

Pour la rentrée, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage en partenariat avec la SNCF mettent à l’honneur en quatre gares (Lyon-Part-Dieu, Marseille-Saint-Charles, Paris-Gare de Lyon et Toulouse-Matabiau) 29 figures emblématiques de la dénonciation et de la résistance contre l’esclavage en contexte français.

C’est une exposition inédite, RÉSISTANT.E.S contre l’esclavage – Portraits et itinéraires de figures emblématiques de ce combat met en avant la biographie augmentée, les citations et une représentation visuelle du personnage à partir d’images d’archives ou de la création artistique des artistes contemporains. Le rôle des artistes dans la création des portraits imaginés de certaines figures est conçu comme une forme de rendre visible ces figures effacées de la mémoire collective : “Pour restituer cette histoire à partir de ses héros et héroïnes , il est donc essentiel de dépasser cette absence d’images.” (Source: dossier de presse, FME, disponible ici).

1. Dans l’interview donné au média en ligne Bondy Blog. Disponible ici [↩]
2. Le tableau de Robert Thom, J. Marion Sims: Gynecologic Surgeon, from “The History of Medicine” (circa 1952), de la collection (ici) de la faculté de médecine de l’Université de Michigan (États-Unis). [↩]

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